Dans un monde où l’exposition au son est de plus en plus prolongée, il est important de faire un point sur l’impact du bruit dans notre santé et particulièrement la santé auditive.
L’oreille humaine est capable de capter des sons aussi doux qu’une berceuse ou aussi agaçants que ton alarme de réveil du matin.
Mais comme on le dit : « tout le monde a son talon d’Achille » celui de l’oreille est qu’il ne supporte pas de très forts bruits ou une exposition prolongée au bruit.
Aperçu sur l’oreille
L’oreille est une petite machine complexe à décoder le son, elle est composée de 3 parties distinctes :
- L’oreille externe (le pavillon) qui capte, concentre et amplifie les ondes sonores, le conduit auditif et le tympan qui renforce la résonance de certaines fréquences ;
- L’oreille moyenne, cavité osseuse remplie d’air, qui contient une chaîne de trois osselets (marteau, enclume et étrier) ; elle assure la transmission et l’amplification des vibrations sonores du tympan à la fenêtre ovale. L’aération de l’oreille interne se fait via la trompe d’Eustache par le pharynx ;
- L’oreille interne, constituée de la cochlée et du vestibule, qui assure les fonctions d’audition proprement dite et de centre de l’équilibre spatial du corps. La cochlée est une structure en spirale pleine de cellules ciliées microscopiques.
Ces cellules sont les rock stars de l’audition : elles transforment les vibrations sonores en signaux électriques, que ton cerveau interprète ensuite comme des sons.
Notez que l’oreille externe et l’oreille moyenne ont pour objectif la transmission du son, c’est-à-dire la modulation de la fréquence sonore et sa conduite vers l’oreille interne qui est l’organe de perception du son.
Pour les plus curieux, c’est la raison pour laquelle vous entendrez parler soit de surdité de transmission ou de perception avec des tests qui peuvent les mettre en évidence : Test de Rinne et de Weber (vous pouvez consulter d’autres sources pour en savoir plus, je vous propose cette vidéo : ici)
Une oreille humaine normale est capable de percevoir les sons sur une fréquence entre 20Hz et 20kHz.
Qu’en est-il des bruits ?

Mais comment est-ce que le bruit peut nuire à nos oreilles ? N’est-elle pas faite pour percevoir des sons ?
La réponse ici en réalité n’est pas axée sur le son en soi mais plutôt sur son intensité et sa durée d’exposition. Sachez que la perception du bruit ambiant est essentielle à notre survie. L’on perçoit toujours des bruits, pas besoin de se concentrer ni d’y prêter attention. L’oreille est en alerte constante, même la nuit elle ne « dort » jamais.
Si l’oreille humaine semble adaptée pour affronter les effets sonores d’un environnement naturel, elle l’est beaucoup moins face à ceux issus de notre civilisation industrialisée.
En effet, plus le niveau sonore est important, plus les risques sanitaires sont accrus.

Les effets auditifs sont la conséquence d’une exposition brève à des niveaux très élevés ou d’une exposition prolongée à des niveaux élevés de bruit.Les sons puissants créent des vibrations intenses qui traversent tout le système auditif jusqu’à l’oreille interne.
Les cellules ciliées de la cochlée, qui sont normalement aussi délicates qu’une pelouse fraîchement tondue, sont alors secouées dans tous les sens. À force de subir ces vibrations excessives, ces petites cellules peuvent être endommagées, voire complètement détruites. Et le problème, c’est qu’elles ne repoussent pas : une fois perdues, elles sont parties pour de bon. Cette perte de cellules ciliées se traduit par une diminution de l’acuité auditive.
Ce bruit excessif peut provoquer deux types d’effets sur l’audition. Il diminue la capacité d’entendre le signal (effet énergétique) ou en gêne la compréhension (effets informationnels), par un masquage ou un parasitage.
Les effets énergétiques résultent de la présence d’une quantité excessive d’énergie sonore au niveau de la cochlée. Ils entraînent une diminution de l’audition de façon temporaire (adaptation auditive ou fatigue auditive) ou permanente (traumatisme acoustique).
L’adaptation auditive correspond à une diminution temporaire et transitoire de la sensibilité de l’oreille pendant la durée d’un bruit. Lorsque cette diminution de la sensibilité auditive persiste au-delà de la durée du bruit, on est confronté à une fatigue auditive. Ce phénomène peut perdurer pendant plusieurs jours et lors de bruits excessifs, se transformer en déficit auditif permanent.
Comment le bruit détruit-il les cellules ciliées ?
Un bruit excessif provoque une vibration anormale des liquides de l’oreille interne et affecte les minuscules cils des cellules neurosensorielles, les cellules de Corti. Une contraction violente des myofilaments des cils due à un niveau sonore trop élevé peut provoquer leur froissement sans déchirure ni lésion irréversible.
Cela se traduit par des sifflements, une sensation d’écho et d’oreille cotonneuse. L’oreille récupère toute seule après quelques instants de calme. Cela peut arriver après une soirée en discothèque. Une exposition plus prolongée ou répétée peut engendrer une déchirure des myofilaments.
Cela se traduit par des sifflements prolongés (acouphènes), 24 heures sur 24. Ces sifflements intolérables sont surtout perceptibles et gênants la nuit lorsque les bruits environnants ne parviennent plus à les masquer. Une réaction en urgence par le biais de vasodilatateurs, de minéraux (zinc, magnésium), de vitamine D et d’anti-inflammatoires peut favoriser une réparation in extremis des cils et on peut alors avoir la chance de faire disparaître le sifflement.
Au-delà du froissement ou de la déchirure des myofilaments, il peut y avoir arrachement du cil. Il y a perte d’intelligibilité définitive rendant la communication, l’échange avec les autres difficile voire impossible. Cet arrachement est irréversible. Il survient chez 10 à 15% des individus après une seule exposition d’une minute à un niveau sonore de 110 dB(A).
Source : Fiches documentées Bruxelles environnement janvier 2024
Heureusement, il existe des moyens simples pour éviter que tes oreilles ne finissent en grève générale.
- Baisse le volume : Si tu écoutes de la musique avec des écouteurs, assure-toi que le volume n’est pas trop fort. Une bonne règle : si quelqu’un à côté de toi peut entendre ce que tu écoutes, c’est que tu pousses le son trop fort.
- Fais des pauses : Si tu te trouves dans un environnement bruyant, donne à tes oreilles une pause de temps en temps. Un peu de calme permet aux cellules ciliées de récupérer.
- Protège-toi : Lorsque tu es exposé à des bruits très forts, comme lors d’un concert ou en utilisant des outils bruyants, porte des bouchons d’oreilles ou un casque anti-bruit. Tes oreilles te remercieront.
- N’hésites de voir un médecin quand tu entends des sifflements dans tes oreilles ou quand tu les sens un peu capricieuses !
En fin de compte, tes oreilles ne demandent qu’une chose : être chouchoutée. Prends-en soin, et elles continueront à te régaler avec les sons du monde, du chant des oiseaux aux rires de tes amis, pour longtemps.
Sources
- Organisation Mondiale de la santé
- Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail (CCHT)
- Ameli.fr
- Collections fiches documentées Bruxelles Environnement Janvier 2024