Il est de notoriété commune que dans bon nombre de civilisations anciennes, la jeune fille était éduquée et préparée pour une vie de foyer. Elle se devait d‘être pure, chaste, restreinte à accepter et préserver la domination masculine et ne devait pour certains, ressentir peu sinon pas du tout de plaisir sexuel. Elle était sujette à plusieurs mutilations génitales dangereuses parfois au prix de sa vie. Celles-ci étaient également associées à des considérations religieuses et sociales.
En dépit de l’évolution des mentalités et de la promotion de l’égalité des sexes, cette pratique perdure de nos jours malgré les efforts consentis de toute part pour en venir à bout.
Les mutilations génitales féminines (MGF) couramment assimilées à l’excision, sont une pratique traditionnelle qui consiste à l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes féminins. Les femmes et filles à travers le monde sont victimes de ces mutilations pratiquées le plus souvent entre l’enfance et l’âge de 15 ans.
Ce phénomène est condamné et reconnu internationalement comme une violation des droits humains. Il est multiforme, source de conséquences souvent irréversibles et est sans avantages pour leur santé.
Types de mutilations génitales féminines
Les mutilations sexuelles féminines sont classées en quatre (04) catégories par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) :
- Type 1 – Clitoridectomie : C’est une ablation partielle ou totale du gland clitoridien et/ou du prépuce (capuchon clitoridien).
- Type 2 – Excision : C’est une ablation partielle ou totale du gland clitoridien et des petites lèvres, avec ou sans excision des grandes lèvres.
- Type 3 – Infibulation : C’est un rétrécissement de l’orifice vaginal par recouvrement, réalisé en sectionnant et en repositionnant les petites lèvres ou les grandes lèvres, parfois par suture, avec ou sans ablation du clitoris.
- Type 4 – Autres mutilations : Toutes les autres interventions néfastes aux organes génitaux féminins pour des raisons non médicales, telles que piquer, percer, inciser, racler et cautériser les organes génitaux.
Les MGF sont dès lors des pratiques ancestrales très variés répandues à travers le monde.

Prévalence et localisations
On estime plus de 200 millions de jeunes filles et de femmes victimes de MGF dans 30 pays d’Afrique de l’Ouest, de l’Est ou du Nord Est, du Moyen-Orient et de l’Asie où ces pratiques sont concentrées. Elles sont aussi importées dans les autres points du globe par des migrants originaires de ces régions se hissant ainsi au rang de problème mondial.
Carte 1 :
Prévalence des mutilations génitales féminines dans le monde.
Source : Sratégiesconcertees-mgf.be

Les chiffres illustrés par la carte ci-dessus, traduisent l’étendue de cette pratique et soulignent l’importance d’efforts continus pour l’éradication de cette pratique nocive. Les MGF sont ainsi un fléau à grande échelle à l’origine de plusieurs conséquences sur la santé des victimes.
Conséquences des MGF
Les MGF constituent une atteinte sérieuse a l’intégrité physique de celles qui en font les frais. Elles s’accompagnent généralement de complications immédiates telles que des hémorragies, des douleurs chroniques ou des infections. Elles ont de graves répercussions pour leur santé à court, moyen et long terme. On peut relever entre autres :
- des problèmes urinaires (miction douloureuse, infection des voies urinaires…) ;
- des problèmes vaginaux (pertes vaginales, ulcération, vaginose bactérienne et autres infections) ;
- des problèmes menstruels (règles douloureuses, difficulté d’écoulement du sang menstruel etc.) ;
- des problèmes sexuels (douleur pendant les rapports, régression du plaisir) ;
- des complications lors de l’accouchement (accouchement difficile, hémorragie, césarienne, ou nécessité de réanimer le nourrisson) et parfois le décès des nouveau-nés ;
- des problèmes psychologiques (les femmes et jeunes filles peuvent aussi souffrir de dépressions de traumatismes émotionnels de dépression d’anxiété et de stress post-traumatique).
En outre, la lutte et le traitement des MGF constituent une charge financière pour les pays concernés. En effet, d’après l’OMS, les coûts économiques liés au traitement des complications de cette pratique dans 27 pays s’élevaient à près de 1,4 milliards de dollars en 2018.
Qu’en est-il de la lutte contre ce phénomène ?
La prise de conscience des effets nocifs de cette pratique est palpable à travers le monde. Des efforts continus sont menés par les organisations internationales, les militants et les gouvernements dans le monde et surtout en Afrique pour en réduire la prévalence. Il s’agit notamment d’une sensibilisation accrue pour changer les mentalités, de l’éducation et de l’autonomisation des filles, d’un engagement communautaire grandissant mais aussi d’une amélioration des cadres législatifs. Ainsi, la date du « 6 février » est désormais consacrée comme journée internationale de tolérance zéro à l’égard des MGF.
L’espoir de se reconstruire et de vivre une vie épanouie se concrétise pour les femmes victimes grâce à plusieurs avancées. Des campagnes de chirurgie reconstructive et réparatrice sont organisées et subventionnées dans plusieurs pays dont le Burkina Faso ou la France. Il existe en plus des programmes d’autonomisation et un soutien psychologique pour les victimes.
Cependant, l’accès à ses services peut être limité dans les régions éloignées et aussi dans les communautés où les MGF sont fortement ancrés dans la culture locale et ont force de loi.
Mutilations génitales féminines : persistance et cruauté
Malgré les efforts multiformes de lutte, les MGF sont une calamité odieuse qui persiste. Elles prennent de l’ampleur et reste profondément enracinée dans plusieurs cultures et nombreux sont ceux qui en font l’apologie. En illustration, en Gambie, le 18 mars 2024, les députés, ont, -dans une écrasante majorité- voté en faveur d’un projet de loi visant à lever l’interdiction des MGF, en vigueur dans le pays depuis 2015.
De plus, la crise sanitaire de la COVID-19 a fortement perturbé les programmes de prévention entrainant ainsi une recrudescence des cas.

Conclusion
Les mutilations génitales féminines sont une pratique néfaste qui affecte la vie des femmes et des filles à travers le monde. Malgré l’évolution de la lutte contre cette pratique, il reste encore beaucoup à faire pour l’éradiquer complètement.
Toutefois, seule une synchronisation des efforts à chaque échelle de la société permettrait d’en venir à bout et de garantir le complet bien-être des jeunes filles.
Sources
- World Health organization -mutilations sexuelles féminines:www.who.int
- Les mutilations génitales féminines (MGF) -Sofelia : https://www.sofelia.be/nos-dossiers-thematiques/dossier-violences-sexuelles/les-mutilations-genitales-feminines-mgf/
- Les mutilations génitales féminines : questions fréquemment posées : https://www.unfpa.org/fr/resources/les-mutilations-génitales-féminines-mgf-foire-aux-questions-concernant
regina.simpore@yahoo.fr
Time to sensitize again. Once you read it, you are aware . Thank you Anna
No More Talking..I could appreciate it
I read the article with a great interest. In fact we are confronted to genital mutilations in our part of the country.
Congratulations to miss Compaoré Lasswana for this article entitled”les mutilations génitales féminines”
Très bel article sur les mutilations faites aux filles mais est ce parce que l’excision est le type de mutilation le plus répandu qu’on appelle couramment ces mutilations excisions ??? Merci beaucoup
Bonjour merci beaucoup à mademoiselle Compaoré pour cet article qui dépeint une réalité bien triste de nos pays . La société burkinabè souffre toujours de ce mal et il ya encore des familles qui persistent malgré les conséquences, les sensibilisations et les même la répression…
Il faut qu’on continue la lutte ensemble
Belle article.
Nous avons au vu de cela l’espoir d’arriver à vraiment mitiger cette pratique pas par intérêt politique ou de financement mais par conviction.
Vraiment article très pertinent car sujet toujours d’actualité dans les pays comme le Burkina Faso. Par exemple L’excision par exemple qui devrait être une pratique à conjuguer au passé est malheureusement toujours d’actualité dans nos contrées malgré les actions entreprises par les gouvernements ainsi que les acteurs du développement. Cet article peut être traduit en langues locales pour contribuer à sensibiliser davantage les populations locales.
Très belle article vraiment intéressant
Merci vraiment pour cet article,car il est remarqué qu’avec les nombreuses sensibilisations ce phénomène persiste toujours dans plusieurs pays d’Afrique,aussi plusieurs personnes n’ont pas connaissance de ses inconvénients,merci pour toutes ces informations
C’est du bon travail
Chapeau à la rédactrice qui a su écrire façon limpide et pertinente sur ce sujet qui constitue une préoccupation majeure en matière de protection de santé de la femme elle a su dire en quoi consistait cette pratique et le danger quelle représente aussi bien pour la santé physique que reproductrice de la femme ce genre d’article permet de mettre au jour les pratiques dangereuse tel que les MGF et de tiré la sonnette d’alarme afin qu’une lutte plus ardue soit mené contre ces fléaux