Saviez-vous qu’au cours du IV-Vè siècle av. JC l’utérus était considéré comme « la cause de toutes les maladies des femmes». L’image d’un utérus errant, qui peut se déplacer dans tout le corps… « eh oui! J’ai eu la même réaction, un peu bizarre et pourtant c’est bien mentionné dans le recueil notre grand ancêtre Hippocrate.» Cela permettait de ramener à un seul cadre nosographique qui est l’hystérie et une série très large de symptômes.

C’est pour nous rappeler que l’association entre le trouble menstruel et trouble psychologique est vieille de plusieurs siècles.

Et aujourd’hui encore, vous avez peut-être déjà été confronté à la traditionnelle remarque : « Mais tu as tes règles ou quoi !? », alors même que vous étiez un peu énervée…

Ainsi, l’irritabilité, l’anxiété, la labilité émotionnelle, des œdèmes, des douleurs mammaires et des céphalées voire même la dépression… constituent ce qu’on appelle Syndrome Prémenstruel (SPM). C’est un ensemble des symptômes qui se produisent de manière cyclique pendant la phase lutéale dans les deux (2) semaines précédant le cycle et finissant généralement quelques heures après le début des menstruations.

Environ 20 à 50% des femmes en âge de procréer ont un SPM et environ 5 à 8% ont une forme grave de ce syndrome appelé Trouble Dysphorique Prémenstruel.

Le Trouble Dysphorique Prémenstruel (TDPM) quant à lui se définit comme une forme grave de syndrome prémenstruel avec au premier plan les symptômes psycho-émotionnels que nous verrons par la suite.

Physiopathologie

La notion de TDPM semble, en effet, faire appel à l’intervention des facteurs psychobiologiques capables d’influencer simultanément le système nerveux central (SNC), le système génital et endocrinien de la femme. Des données plus actuelles évoquent même une perturbation du fonctionnement du système sérotoninergique chez les femmes avec SPM et TDPM , et plus spécifiquement, une baisse de la concentration de sérotonine.

L’ensemble de ces données indiquerait ainsi une vulnérabilité neurobiologique s’exprimant dans la phase prémenstruelle en association avec des changements hormonaux catalysant ou synchronisant des perturbations neurobiologiques liées à la synthèse et aux rythmes de sécrétion et de métabolisation de la sérotonine. Il s’agirait donc probablement de l’effet d’une synergie des facteurs différents.

Les symptômes étant corrélés avec le cycle menstruel, on peut considérer que les changements hormonaux sont impliqués dans la genèse du trouble, notamment les changements liés aux taux d’œstrogènes, de progestérone et de Gonadotropin releasing hormone (GnRH).

Etiologies

Vous auriez donc compris après cette bref explication de physiopath. que le SPM et le TDPM seraient donc favorisés par :

  • De multiples facteurs hormonaux (p. ex., hypoglycémie, autres modifications du métabolisme glucidique, hyperprolactinémie, fluctuation des taux d’œstrogènes circulants et de progestérone, réponses anormales aux œstrogènes et à la progestérone, taux d’aldostérone ou d’ADH excessifs);
    Une carence en sérotonine;
  • Éventuellement des carences en magnésium et en calcium;
  • Et une prédisposition génétique.

Symptomatologies

Le type et l’intensité des symptômes du SPM et TDPM varient d’une femme à l’autre. Une femme peut souffrir d’un ou de plusieurs de ces signes caractéristiques de l’arrivée des règles. Certaines n’en ressentiront aucun.

Les trois principaux éléments qui regroupent le Syndrome prémenstruel sont : mammaires (mastodynies), ballonnement abdominal et des troubles de l'humeur. L'apparition des symptômes selon une chronologie cyclique est un élément en faveur du diagnostic.

Les symptômes suivants s’observent durant le syndrome prémenstruel d’apparition progressif :

  • Maux de ventre et crampes
  • Gonflement des seins
  • Jambes lourdes
  • Problèmes digestifs
  • Sensation de fatigue
  • Irritabilité
  • Vulnérabilité émotionnelle
  • Etc.
Les femmes peuvent être invitées à enregistrer leurs symptômes quotidiens. L'examen clinique et les examens complémentaires sont inutiles.

Le TDPM correspond à un syndrome prémenstruel amplifié à l’extrême, d’apparition rapide. Les symptômes ressemblent à ceux du SPM, notamment en ce qui concerne l’aspect psychologique et émotionnel :

  • Fortes variations de l’humeur allant de la tristesse jusqu’à la dépression et à l’envie de suicide, sans raison apparente
  • Irritabilité aiguë, agressivité et colère
  • Conflits relationnels
  • Le désintérêt pour la plupart des activités, même les plus appréciées de la personne souffrant d’un TDPM
  • Fatigue intense alternant avec des phases d’insomnie
  • Sentiment de perte de contrôle et crise de panique
  • Besoin de protection exacerbé
  • Modification du désir sexuel
  • Etc.
Les femmes sont invitées à évaluer leurs symptômes quotidiens pendant ≥ 2 cycles pour déterminer si des symptômes graves se produisent régulièrement.

N.B: Le TDPM est un trouble particulièrement handicapant et souvent sous-diagnostiqué. Évoquer un TDPM si les femmes ont des symptômes non spécifiques mais graves, qui affectent leur mode de vie, juste avant les menstruations.

Traitement

Mesures générales

  • Repos suffisant (hygiène de sommeil);
  • Une activité physique régulière et des activités relaxantes (permet de soulager les ballonnements ainsi que l’irritabilité, l’anxiété et l’insomnie. Le yoga aide certaines femmes. )
  • Un bon régime alimentaire (plus des protéines et moins des sucres)
  • Suppléments en Calcium (600 mg 2 fois/jour), la vitamine B6 (pas plus de 100 mg/jour) et la vitamine E
  • La thérapie cognitivo-comportementale et la psychothérapie est utile (en cas de TDPM )…

Chimiothérapie

  • AINS en cas de dysménorrhée
  • ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine) : traitement de choix des symptômes émotionnels (p. ex., fluoxétine 20 mg par voie orale 1 fois/jour)
  • Les anxiolytiques (risque de dépendance ou addiction)
  • Diurétique (p. ex., spironolactone 100 mg par voie orale 1 fois/jour)

Traitement hormonal

La prise de suppléments de progestérone, œstrogène, etc. peut être moins efficace.
Toutefois, un contraceptif oral à base de drospirenone contenant un faible taux d’œstrogène parvient à baisser l’intensité des crises chez certaines femmes. Attention néanmoins au risque thromboembolique !!!

Pour les symptômes sévères ou réfractaires, un agoniste de la Gonadotropin-Releasing Hormone (Gonadolibérine ou GnRH) (p. ex., leuprolide 3,75 mg IM)

Traitement chirurgical

L’ovariectomie bilatérale (le traitement hormonal substitutif est ensuite indiqué jusqu’à environ 51 ans)

Conclusion

  • Les symptômes du SPM peuvent être non spécifiques et varient d’une femme à l’autre.
  • Le diagnostic du SPM se base essentiellement sur la clinique .
  • L’aggravation des symptômes et leur caractère invalidant enregistré sur 2 cycles doit faire évoquer un TDPM
  • Le traitement est varié et l’efficacité dépend de chaque femme
  • Les agonistes de la GnRH et l’ovariectomie sont réservés aux cas sévères.

SOURCES

  • Le manuel MSD
  • Revue médical suisse
  • eSantémentale
  • Sciencedirect 
  • Bertyne
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2 Replies to “Syndrome Prémentruel (SPM)”

  1. by Compaoré Annaelle 12 months ago

    Article très enrichissant mais est ce que vu leur gravité, les TDPM ne peuvent pas être considérés comme une forme de dépression à part entière ??

    1. by seth kibazola 11 months ago

      Bonsoir Annaelle. Effectivement le TDPM fait partie des troubles depressifs selon le Mini DSM-5

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