Rédacteur : Dr. Seth KIBAZOLA Etudiant à la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Rabat
« Saviez-vous pourquoi nos yeux ont cette forme ou encore cette consistance ? »
Vous me direz surement que c’est le résultat d’une combinaison complexe des structures et tissus qui constituent celui-ci et qui permettent à l’œil de remplir ses fonctions tout en restant protégé et fonctionnel… et je suis tout à fait d’accord avec ce raisonnement mais cela peut aussi se résumer en deux mots « Tension oculaire »
Ainsi pour répondre à cette question, nous pouvons définir la tension oculaire tout simplement comme la pression qui règne à l’intérieur de l’œil.
Ceci est dû à la production continue et l’évacuation d’humeur aqueuse qui assure son maintien. Cette humeur aqueuse est fabriquée à partir du plasma sanguin. Elle donne à l’œil sa forme, et joue aussi un rôle important dans l’acheminement des nutriments au cristallin, à la cornée et au trabéculum. Chez l’adulte, la tension oculaire normale est comprise entre 10 et 15 mm de mercure (mmHg). La tension dans l’œil doit être régulièrement surveillée lorsqu’elle est basse, comprise entre 8 et 10 mmHg on parle alors hypotonie oculaire ; ou quand elle est élevée, entre 15 et 21 mmHg et supérieure à 21 mmHg on parle d’hypertonie intraoculaire, elle constitue le premier facteur de risque du glaucome.
NB : L’hypertonie intraoculaire est une PIO supérieure à 21 mmHg, un angle ouvert en gonioscopie et absence de neuropathie.
Même si l’hypertonie intraoculaire est un facteur de risque majeur du glaucome, toute hypertonie intraoculaire n’est pas synonyme de Glaucome et il existe des glaucomes à pression normale (le glaucome est une neuropathie optique).
ETIOLOGIES
- Causes de l’hypertonie intraoculaire
Sa cause se trouve souvent dans un problème d’évacuation de l’humeur aqueuse ou de production excessive. L’équilibre entre production et évacuation est alors rompu. La tension dans l’œil peut avoir :
- Une cause médicamenteuse (les corticoïdes contre l’asthme peuvent notamment être impliqués).
- Une lésion dans l’œil peut également entraîner une augmentation de la tension oculaire, même des années après.
- La blessure peut avoir été provoquée lors d’une chirurgie par exemple.
- Café et tension oculaire sont également liés. (Une tasse faisant augmenter la pression de 1 à 2 mmHg durant 2 heures).
2.Causes de l’hypotonie intraoculaire
Une production insuffisante d’humeur aqueuse ou une perte d’humeur excessive peut faire baisser la tension à l’intérieur de l’œil. On parle alors d’hypotonie. La plupart du temps c’est :
- Une inflammation ou une cicatrisation compliquée qui entraîne ce phénomène.
- L’intervention chirurgicale pour un décollement de rétine peut notamment provoquer une hypotension oculaire. (En effet, la membrane cyclitique se contracte, décollant le corps ciliaire, source de production de l’humeur aqueuse, qui ne peut alors plus fonctionner correctement).
- L’alcool entraîne par ailleurs une baisse de la tension oculaire, mais elle n’est pas durable.
PRESENTATIONS CLINIQUES
- HYPERTETONIE INTRAOCULAIRE
Lorsque la pression est inférieure à 30 mm/Hg, il n’y a en général pas de symptômes, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de conséquences. En effet, le nerf optique se dégrade progressivement, débouchant souvent sur un glaucome et une possible cécité. D’où l’importance de traiter cette hypertonie même si elle ne nous gêne pas.
Lorsque la pression est autour de 40 mm/Hg, on voit apparaitre les symptômes suivants :
- Douleur intense au niveau du globe oculaire
- Nausées, vomissements
- Halos colorés, flous visuels et baisse de la vision
- Œil rouge, vitreux, dur au toucher
2. HYPOTONIE INTRAOCULAIRE
Lorsqu’elle est modérée, une baisse de tension des yeux est généralement asymptomatique. Une chute brutale entraîne en revanche une baisse de l’acuité visuelle que le patient est en mesure de remarquer. L’hypotension oculaire peut mener à une phtisie bulbi, une atrophie de l’œil grave dont les symptômes sont :
- Un œil mou et très douloureux.
- Des rougeurs et une sensibilité excessive à la lumière peuvent également se manifester.

Image d’une Phtisie bulbi
DIAGNOSTICS
- Pour la mesurer la pression intraoculaire. On utilise le plus souvent un tonomètre à air pulsé. Un jet d’air est envoyé sur la cornée qui se déforme temporairement. On mesure la pression du jet d’air qui est arrivé à aplanir la cornée. Cette pression est mesurée en millimètres de mercure (mmHg).
- On utilise parfois un tonomètre à aplanation, qui lui vient toucher la cornée et nécessite donc l’utilisation d’un collyre anesthésique.
Si on ne dispose pas des appareils nécessaires, on peut éventuellement palper l’œil à travers les paupières pour estimer la dureté et la tension de l’œil.
NB : Ne pas passer à côté des autres diagnostics différentiels, parfois un examen ophtalmologique complet est réalisé et complété d’examens complémentaires à la recherche parfois d’un GPAO (glaucome primitif à angle ouvert) ; CAFA (crise aiguë à fermeture de l’angle) ; et les autres neuropathies non glaucomateuses (médicamenteuses, traumatiques, vasculaires, neurologiques, etc.)
TRAITEMENTS
1 .PEC EN CAS D’HYPERTONIE INTRAOCULAIRE
Lorsque l’hypertension ne s’accompagne pas d’un glaucome, une simple surveillance annuelle est mise en place. Si elle est vraiment trop élevée, l’hypertonie oculaire peut être contrôlée à l’aide des collyres prescrits en première intention visant à diminuer la sécrétion de l’humeur aqueuse (les bêta-bloquants) et à augmenter son élimination (les prostaglandines). Ainsi destiné à prévenir l’apparition d’un glaucome.
Les autres sont les collyres agonistes alpha-2-adrenergiques ; les inhibiteurs de l’anhydrase carbonique
Si la tension va de pair avec un glaucome chronique, le traitement prescrit est généralement à base de collyres. En complément, des interventions au laser sont possibles ou encore une opération chirurgicale peut être envisagée.
Quant au glaucome aigu, il doit être traité en urgence : médicaments et lasers doivent être mis en œuvre au plus vite.
2. PEC EN CAS D’HYPONIE INTRAOCULAIRE
Une tension oculaire basse étant un symptôme et non une pathologie, des examens doivent préalablement être réalisés afin d’identifier la cause de l’hypotonie. En cas d’origine inflammatoire, des médicaments anti-inflammatoires sont prescrits. Si la cause est liée à une cicatrice ou à un décollement du corps ciliaire, une opération chirurgicale s’avère nécessaire pour remettre en place les membranes.
MESURES PREVENTIVES
L’observance des mesures hygiéno-diététiques afin d’éviter le stress. Et le stress étant lié à la tension oculaire, le meilleur moyen de prévention de la tension consiste à adopter une hygiène de vie. Notamment la pratique sportive ainsi qu’une consommation limitée des écrans sont ainsi recommandées. Fatigue et tension oculaire peuvent également aller de pair. Des périodes de repos suffisantes sont indispensables. Pour maintenir une tension oculaire à un niveau normal, une consommation limiter du café (moins de 6 tasses par jour) et favoriser une alimentation riche en oméga-3 et oméga-6 ainsi qu’en acides gras mono-insaturés et polyinsaturés.
Sources :
- College ophtalmologie 2021
- IKb ophtalmologie 2018
- Elsancare
- Acta ophtalmologica, volume 91 (ocular hypertension)
- exphar