Abstracts
Le Stress, la Dépression et l’Anxiété constituent des circonstances parfois pathologiques affectant notre quotidien et perturbant le cours de la vie. Dans cet article, nous vous présentons une configuration globale de ces situations ainsi qu’un résumé de quatre études faites sur des populations différentes afin de vous donner un aperçu plus spécifique des facteurs prédisposant au stress, à la dépression ou à l’anxiété, ainsi qu’une visibilité sur les investigations thérapeutiques pouvant être adoptées pour la prise en charge de ces patients.
Equipe de rédaction
Article piloté par le Projet YEKOLA de l’Association des Congolais dans le Secteur Sanitaire au Maroc (A.C.S.A.M.)
Les rédacteurs
Mariam TRAORE (étudiante en Médecine), OUEDRAOGO Damaris (étudiante en Médecine à l’Ecole Abulcasis), SYLLA IBRAHIMA Kalil (étudiant en Médecine), Jean-Eude KIEMTORE (étudiant en Master en Sciences de l’environnement).
Sources :
- Harvard Health Publishing – Lifestyle changes that help depression https://www.health.harvard.edu/mind-and-mood/lifestyle-changes-that-help-depression
- NICE – Depression in adults: treatment and management https://www.nice.org.uk/guidance/ng222
- WHO – Global health estimates on depression and suicide https://www.who.int/publications/i/item/depression-global-health-estimates
- Mental health and stress-related disorders https://www.cdc.gov/climate-health/php/effects/mental-health-disorders.html
- American Psychological Association (APA) https://www.apa.org/topics/stress
- National Institute of Mental Health https://www.nimh.nih.gov/health/topics/anxiety-disorders
- Stress, anxiété et dépression chez les étudiants à la faculté de médecine de Sousse (Tunisie) https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC9477150/pdf/tunismedv100i4-346-352.pdf
- Depression among medical students in Tunisia: Prevalence and associated factors https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC10696287/
- Impact of the therapeutic approach of mindfulness-based stress reduction (MBSR) on psychic health (stress, anxiety, depression) in students: A controlled and randomized pilot study https://doi.org/10.1016/j.jtcc.2010.03.001
- Global prevalence of depression, anxiety, and stress in cardiac patients: A systematic review and meta-analysis https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36584710/
- Depression, stress and anxiety in medical students: A cross- -sectional comparison between students from different semesters https://www.scielo.br/j/ramb/a/RTGnDKrPfNbZyncyJkhkzjM/?lang=en&format=pdf
Mots-clés : stress, dépression, anxiété, troubles dépressifs, dysthymie, post-partum, burn out, anhédonie, mindfulness-based stress reduction, brandypsie, eustress, anxiolytique.
Les troubles dépressifs
La dépression ou trouble dépressif est une pathologie psychiatrique bien plus qu’un simple coup de déprime. Il s’agit d’un trouble mental rentrant dans le cadre des troubles de l’humeur touchant davantage plus de femmes que d’hommes.
Il existe différents types de troubles dépressifs : la dépression majeure, le trouble dépressif persistant (dysthymie), le trouble affectif saisonnier, ou encore la dépression post-partum chez certaines femmes après l’accouchement.
Les causes de la dépression sont complexes et multifactorielles. Elles combinent souvent :
- Des facteurs biologiques (déséquilibre des neurotransmetteurs comme la sérotonine ou la dopamine),
- Des prédispositions génétiques,
- Des facteurs psychologiques (traumatismes, faible estime de soi),
- Des facteurs environnementaux (isolement, pauvreté, événements de vie difficiles comme une perte ou un divorce).
La symptomatologie étant riche, elle se manifeste typiquement par une perte de plaisir (anhédonie), l’irritabilité, une tristesse, un sentiment de vide. A cela peut s’associer des troubles du sommeil (insomnie), une asthénie, des idées délirantes ou une bradypsychie.
La dépression porte à avoir un impact significatif sur la qualité de vie des patients et peut parfois se manifester de manière isolée par un trouble somatique (céphalées, gastralgies, tachycardie, tachypnée) inexpliqué et motivant des consultations répétées, favorisant une errance diagnostique pour certains cas.
Non traitée, la dépression peut durer plusieurs mois ou années et avoir des conséquences graves : isolement social, perte d’emploi, addictions, voire suicide.
Il est cependant essentiel de rappeler que les troubles dépressifs se soignent, la prise en charge thérapeutique d’une dépression consiste en première ligne à l’administration d’antidépresseurs, la thérapie cognitivo-comportementale, ainsi que le traitement des troubles associés dont l’insomnie via des hypnotiques, ou des troubles anxieux avec des anxiolytiques (voire des benzodiazépines).
Des changements de mode de vie peuvent aussi avoir un effet positif : pratiquer une activité physique régulière, maintenir un rythme de sommeil stable, parler à un proche, éviter l’isolement, et réduire la consommation de substances comme l’alcool.
Il est important de ne pas minimiser la souffrance de quelqu’un qui est dépressif, ni de penser que « ça va passer tout seul ». La dépression n’est pas un manque de volonté. c’est une maladie comme toute autre, et il faut encourager les personnes concernées à consulter un professionnel de santé mentale.
Pour des cas de dépression réfractaire au traitement, une électro-convulsivothérapie ou sismothérapie peut être recommandée sur avis psychiatrique.
Le stress
Le stress est une réaction naturelle du corps face à une pression ou un danger. C’est un mécanisme de survie qui permet à l’organisme de se mobiliser pour faire face à une menace réelle ou perçue. À court terme, il peut donc être bénéfique, en améliorant la concentration ou en augmentant l’énergie. Ce type de stress, appelé eustress, est souvent lié à des défis positifs comme un examen ou un entretien.
Mais lorsque le stress devient répétitif, intense ou mal géré, il peut provoquer ce qu’on appelle du stress chronique. Ce type de stress affecte le corps et l’esprit de manière négative. Il peut entraîner des troubles du sommeil, de l’irritabilité, une fatigue constante, voire une baisse du système immunitaire.
Les causes du stress varient d’une personne à l’autre. Elles peuvent être liées au travail, aux études, à des conflits familiaux, à des difficultés financières, ou encore à un environnement instable. Il ne s’agit pas seulement des événements en eux-mêmes, mais aussi de la manière dont on les perçoit et y réagit.
Le stress peut se manifester physiquement (maux de tête, tensions musculaires, troubles digestifs), émotionnellement (irritabilité, tristesse, anxiété), mentalement (ruminations, troubles de la concentration), et comportementalement (isolement, consommation excessive d’alcool, sommeil perturbé).
À long terme, un stress mal géré peut être un facteur de risque de maladies cardiovasculaires, de diabète, de dépression, voire de burn-out. Il est donc crucial d’apprendre à le reconnaître et à le réguler.
Il existe heureusement des stratégies scientifiquement validées pour mieux gérer le stress :
- La respiration contrôlée, la méditation de pleine conscience, ou la relaxation musculaire progressive aident à calmer le système nerveux.
- L’activité physique régulière améliore la résilience au stress.
- L’organisation du temps, les techniques de priorisation et le soutien social (parler, échanger, se faire aider) sont également essentiels.
Une bonne hygiène de vie (sommeil, alimentation, hydratation), l’équilibre entre travail et repos, et la capacité à poser des limites sont des leviers puissants de prévention du stress.
Enfin, il est important de rappeler que ressentir du stress n’est pas une faiblesse. C’est un signal que le corps nous envoie, et qui mérite d’être écouté. Identifier ses sources, en parler et appliquer des stratégies adaptées est un vrai acte de bienveillance envers soi-même.
L’Anxiété
L’anxiété est une émotion naturelle que nous ressentons tous à certains moments de la vie, notamment face à un danger ou à une situation stressante. Elle devient un problème lorsqu’elle est excessive, persistante et interfère avec le quotidien. Ce profil oriente plus le cadre vers le domaine des troubles anxieux.
Ces troubles peuvent prendre plusieurs formes, certains vivent une inquiétude constante et généralisée, d’autres développent des phobies spécifiques, des attaques de panique soudaines, ou encore des pensées obsessionnelles avec des comportements compulsifs (TOC). Il existe aussi le trouble de stress post-traumatique (TSPT), qui survient après un événement marquant ou violent.
Les causes sont multiples, des facteurs biologiques comme un déséquilibre des neurotransmetteurs (sérotonine, GABA) peuvent jouer un rôle, tout comme les expériences précoces de vie, le stress chronique, ou encore des facteurs héréditaires.
Les symptômes varient d’une personne à l’autre. Physiquement, cela peut inclure des palpitations, des tensions musculaires, des sueurs, ou des troubles du sommeil. Sur le plan psychologique, cela se traduit souvent par des inquiétudes constantes, de l’irritabilité, une difficulté à se concentrer, voire une peur diffuse sans objet précis.
Lorsque l’anxiété n’est pas traitée, elle peut avoir des conséquences graves : isolement social, baisse de la qualité de vie, troubles digestifs, troubles cardiovasculaires, ou encore dépression associée.
Heureusement, des solutions efficaces existent. La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est la méthode psychothérapeutique la plus efficace selon de nombreuses études. Les techniques de relaxation comme la méditation de pleine conscience, la respiration profonde, le yoga ou la cohérence cardiaque sont aussi recommandées. L’activité physique régulière améliore également l’état anxieux grâce à la libération d’endorphines. Dans certains cas, des médicaments commthte les antidépresseurs (ISRS) ou anxiolytiques peuvent être prescrits.
Pour prévenir l’anxiété, il est important d’adopter une bonne hygiène de vie : un sommeil régulier, une alimentation équilibrée, limiter la caféine, éviter l’isolement, et apprendre à gérer son stress au quotidien. Le soutien social (famille, amis, groupes de parole) joue un rôle essentiel dans la régulation des émotions.
Enfin, il est important de rappeler que l’anxiété ne fait pas de vous quelqu’un de faible, et qu’en parler est déjà une étape de guérison. Vous n’êtes pas seul, et des solutions existent.
Discussion autour de quatre études explorées
D’un point de vue statistique, il est constaté que la Prévalence des atteintes de la santé mentale en rapport avec la dépression est beaucoup plus fréquente dans la population féminine mais également corrélée au niveau socio-économique des patients, la pauvreté étant un facteur majeur de développement des troubles dépressifs, anxieux et de stress.
A cette thèse attestant le sexe féminin comme facteur favorisant la survenue de dépression, se greffe une étude menée de 2017 à 2018 auprès des étudiants de la Faculté de Médecine en Tunisie en Octobre 2023 sur un échantillon de 1138 cas, rapportant environ 68.5% des sujets de sexe féminin présentant des signes de dépression. Dans cette même population, d’autres facteurs ont par ailleurs été relevés comme faisant partie de ceux prédisposants à la dépression dont : les habitudes toxiques (tabagisme), le manque d’activités sportives ou de loisirs, la présence d’antécédents (personnels ou familiaux) des troubles mentaux, ainsi que l’insatisfaction vis-à-vis du choix des études.
En contraste, une autre menée en 2016 au Brésil sur un échantillon de 1009 cas d’étudiants en médecine présente une prévalence plus accrue chez les sujets de sexe masculin, quoique le sexe féminin soit plus atteint dans la population générale. En outre, elle rapporte une prévalence plus active chez les étudiants en première année de cursus (probablement due aux incertitudes de la découverte de l’univers médical), ceux en quatrième et en sixième année. Au décours de cette enquête, la ferveur religieuse s’avère également être un facteur protecteur contre les symptômes du stress, de la dépression et de l’anxiété.
Par ailleurs, dans le contexte des patients atteints des pathologies à pronostic incertain, on constate une prévalence accrue de ces conditions (stress, dépression et anxiété) auprès des malades suivis pour des pathologies cardiovasculaires. Une revue systématique et méta-analyse de 2022 sur 120 études sur près de 65 pays totalisant 120 000 cas dénote les facteurs suivants comme favorisant :
- Sexe féminin
- Jeune âge
- Le type de pathologie cardiaque : insuffisance cardiaque et infarctus du myocarde
- Temps écoulé pour le diagnostic
- L’entourage du patient
- L’attitude du personnel soignant
L’étude conclut de surcroît une prévalence mondiale de 34% pour la dépression, 29% pour le stress et 33% pour l’anxiété chez les patients cardiaques, avec une plus forte concentration pour les pays en voie de développement, notamment en Afrique du Nord, en Asie du Sud et au Moyen-Orient.
Mindfulness-based stress reduction (MBSR) sur la santé psychique
Le Mindfulness-based Stress Reduction (MSBR) ou l’approche thérapeutique de pleine conscience est une méthode qui combine la méditation, la pleine conscience (mindfulness) et le yoga pour réduire le stress et améliorer la santé mentale et physique.
Étant une technique rigoureuse et délicate, elle inclut entre autres :
- La pleine conscience : être présent dans l’instant, sans jugement
- La méditation : cultiver la conscience et la sérénité
- Le Yoga : combiner les mouvements physiques avec la respiration et la conscience
D’autre part, elle porte des bienfaits dont :
- Réduction du stress
- Amélioration de la concentration et de la clarté mentale
- Meilleure gestion de la douleur chronique
- Renforcement du système immunitaire
Dans le but d’établir la validité de cette approche thérapeutique, une étude menée en 2010 en France à Île-du-Saulcy auprès des étudiants de troisième cycle de psychologie dans le but de réduire le stress et l’anxiété sur un échantillon total de 19 participants rapporte des résultats satisfaisant pour les patients dont l’observance s’est avérée irréprochable. Par ailleurs, quoique le bénéfice de la technique s’avère prometteur et efficace, la rigueur et l’adhésion des patients à cette approche demeurent encore une barrière à franchir.
Conclusion
Le stress, la dépression et l’anxiété ne doivent plus être considérés comme des sujets tabous, il s’agit par contre des réalités de haute prévalence, affectant profondément la santé publique, particulièrement tant dans l’écosystème académique, plus particulièrement pour ceux vivant dans une précarité socio-économique, voire pour des professions à haute pression.
Leur reconnaissance, leur compréhension, et surtout l’accompagnement des personnes concernées sont des démarches indispensables. Ensemble, brisons le silence autour de la santé mentale et œuvrons pour une société plus bienveillante, informée et solidaire.